Etre autiste au collège : un parcours semé d'embûches

Entrer au collège est une étape importante pour tous les enfants. Mais pour les élèves autistes, ce passage devient souvent un véritable combat. Les témoignages de Thomas, Nicolas et Jean, trois adolescents de 14 ans en sont une illustration saisissante.

Pauline Vigreux

8/28/2025

Thomas : un diagnostic tardif et des adaptations insuffisantes

Diagnostiqué autiste de haut niveau seulement à 10 ans, Thomas n’a pas bénéficié des aides nécessaires dès son plus jeune âge. Son hyperacousie – une hypersensibilité aux sons – rendait la salle de classe insupportable. Malgré des aménagements d’emploi du temps, il n’a pas eu accès à un accompagnement scolaire adapté. Peu à peu, le collège est devenu pour lui un lieu de souffrance jusqu’à son décrochage complet en cinquième. Il ne supportait plus le bruit de la pluie sur les volets et le chant des oiseaux.

Nicolas : « l’autisme est indestructible »

Diagnostiqué très tôt, Nicolas a été suivi par de nombreux spécialistes et bénéficie aujourd’hui d’un accompagnement scolaire et thérapeutique. Pourtant, l’inclusion au collège reste extrêmement difficile. Le jeune garçon vit son autisme comme une force extérieure qu’il ne peut maîtriser. Ses parents ont finalement choisi une orientation en 3ᵉ prépa-métiers, le collège ordinaire s’étant révélé trop exigeant.

Jean : dépendant de son frère jumeau

Jean, diagnostiqué TSA et TDA, est scolarisé en cinquième. Très sensible et facilement distrait par les stimulations extérieures, il n’arrive pas à suivre le rythme de la classe. C’est son frère jumeau, Adrien, qui l’aide au quotidien, au détriment de sa propre scolarité. Faute d’accompagnement spécialisé, Jean peine à trouver sa place et son autonomie.

Ces trois parcours mettent en lumière une réalité trop fréquente : le collège ordinaire n’est pas toujours préparé à accueillir des élèves autistes. Les mots de Nicolas et Thomas parlent d’eux-mêmes : « le collège de l’horreur », « j’étais à bout ». Même pour Jean, qui s’y sent globalement bien, l’absence de soutien adapté conduit à des injustices et à une mise en danger de sa réussite.

En effet, l’entrée au collège représente une étape charnière pour les élèves autistes. C’est souvent à ce moment-là que les difficultés s’intensifient et que le risque de décrochage devient majeur. Être accompagné tout au long de la scolarité est essentiel, mais ce soutien prend une importance capitale lors de l’arrivée en sixième. Former les équipes éducatives, renforcer les moyens humains et proposer des aménagements adaptés ne sont pas des options, mais des conditions nécessaires pour permettre à chaque élève autiste de trouver sa place et de s’épanouir.